à propos de l'origine de Lyon
 

                                     On raconte que bien longtemps avant la fondation de Marseille, l'embouchure de l'Hérault, un delta à cette époque, était le siège d'une intense activité commerciale. Des navires de marchands orientaux, à la recherche de bonnes affaires, échangeaient des amphores de vin, de la vaisselle de luxe et des tissus de grande valeur, contre de l'or, du minerai de cuivre, des lingots de bronze, mais aussi très souvent de jeunes  esclaves.

                                   Environ six mille pas(1) en amont, un voie parallèle à la côte, la Voie Héracléenne traversait le fleuve. Elle reliait l'Espagne à l'Italie. Un piton basaltique, extrémité d'une coulée de lave issue d'un volcan voisin éteint, la dominait et permettait le contrôle des passages. C'était l'habitat d'une tribu de paysans et d'éleveurs de bétail qui profitait de la situation exceptionnelle du lieu pour exiger des taxes sur le trafic au niveau des voies terrestres et fluviales locales.

                                D'années en années, grâce à l'activité des ses chefs , ce lieu, appelé Cessero(2), devint vite  une petite cité opulente pour l'époque. Au début,  quelques marchands phéniciens  puis de nombreux Étrusques et Grecs  négocièrent avec eux. Ces derniers venaient d'Orient, de l'île de Rhode et de Phocée. L'entente entre les différents groupes de trafiquants n'était pas toujours parfaite, et les gens de Cessero apprenaient à jouer de leurs différents pour en tirer le meilleur profit.

                                    Il arriva enfin une période où ces étrangers cherchèrent à s'installer. Des colons Phocéens fondèrent Marseille, qui à son tour fut à l'origine de la cité d'Agde. Quant aux chefs cesseroniens, ils  accueillirent une colonie de Rhodiens sur une partie du piton basaltique, bien à l'abris de remparts récemment construits, lui accordèrent une protection militaire contre de possibles attaques extérieures, et exigèrent d'elle une importante participation aux revenus de son activité.

                              Vers cette époque, des groupes de marchands ibères circulaient sur la Voie Héracléenne à la recherche de débouchés pour des productions espagnoles, en particulier de la céramique tournée et peinte d'une qualité infiniment supérieure aux productions locales. Des accords passés avec les différentes communautés indigènes séjournant dans la région, leur permirent de créer quelques entrepôts et même des ateliers, points de départ de future cités telles que Ruscino, Narbonne, ou Béziers. Comme ces nouveaux venus savaient écrire, certains d'entre eux servirent de scribes aux chefs locaux, et leur langue écrite devint un parfait outil pour les transactions commerciales, les pactes divers ou les contrats, entre  particuliers, clans, et  tribus,  depuis les Pyrénées jusqu'à l'Hérault.

                              Tout allait pour le mieux jusqu'au jour où Agde, renforcée par un important afflux de Marseillais et de Phocéens venus s'installer de façon définitive  au sommet du delta de l'Hérault, s'entoura de solides remparts,  imposa son hégémonie sur le commerce fluvial, et interdit le libre accès de Cessero aux navires rhodiens.

                            Cessero était atterré. Ses habitants, d'abord sans réactions devant la catastrophe qui anéantissait leur bien-être, mais à terme finirait par leur supprimer le strict nécessaire et les plus élémentaires moyens de subsistance, se tournèrent vers les chefs de la tribu pour leur demander d'agir.

                           Ils essayèrent, par la négociation, de détendre cette situation critique entre les deux cités. De nombreux échanges d'émissaires et des discussions ardues n'y firent rien et n'empêchèrent pas d'en venir aux armes. Ce ne furent d'abord que de petites escarmouches,  mais bientôt des combats plus sérieux entre Cesseroniens et Agathois firent des blessés et même plusieurs morts. Un matin, Cessero se trouva encerclé par une puissante armée de Phocéens équipés de machines de guerre envoyées par Marseille. La cité mère soutenait sa colonie en hommes et en matériel.

                             Les Césseroniens n'avait pas d'autres choix que la reddition. Agde qui cherchait dans la vallée de l'Hérault des débouchés pour son négoce, se montra magnanime. Elle laissa  aux vaincus la liberté, et le droit de continuer d'exister en tant que cité indépendante, mais  exigea en contrepartie le départ des Rhodiens et l'exil des deux chefs, Momoros et Atépomaros(3), qui avaient mené des actions contre elle.

                             Ces derniers furent donc chassés par les anciens de Cessero. Avec eux partit une foule de parents, d'amis, de clients, et de serviteurs. Les Rhodiens les invitèrent à les suivre, et par la voie Héracléenne, ils se dirigèrent tous ensemble, vers l'Est, en direction de Rhodanousia, ville située prés de l'embouchure du Rhône.

                               Quand ils y arrivèrent, les chefs de cette cité reçurent les Rhodiens en tant que frères de race, mais refusèrent l'accueil des barbares qui parlaient une langue étrangère, et dont les mœurs différentes des leurs, ne pouvaient, dirent ils,  permettre leur assimilation.

                             On raconte qu'alors, Momoros et Atepomaros(3), suivis de leur imposante suite, remontèrent le cours du Rhône en direction du Nord. Ils furent, dit-on,  accueillis par les Helviens qui parlaient une langue proche de la leur, puis par les Segusiaves qui leur permirent de s'installer sur une colline au confluent de l'Arare et du Rhône. Ils y fondèrent, dit-on encore, une cité qu' ils appelèrent Lugdunum.
                              Mais ça, c'est une autre histoire.

Mille pas : Mesure archaïque pour évaluer les distances. Pendant une marche, un pas était compté à chaque contact du pied droit avec le sol. Cette mesure, qui valait mille pas, variait en fonction de la taille , du poids, de la vitesse du marcheur, mais aussi de la nature du terrain. Les Romains l'appelèrent " mille" et la normalisèrent en lui donnant la valeur de 1481.5 mètres. Par la suite, chacune des nations européenne qui l'utilisait lui donna une valeur particulière. Son usage ne persiste plus actuellement que chez les Anglo-Saxons sous le nom de mile.
Cessero : Appelé aussi Araura du fleuve Arauris ( l'Hérault ). Cité antique  pré romaine ( actuellement Saint Thibéry ) située au nord d'Agde sur les rives de l'Hérault .  Son nom s'écrivait en latin Cessero , mais aussi Cesserone, Ceserone, Tesserone, et en grec, chez Plutarque, Sésèronéos. Les divers traitements de la consonne initiale C ou S peuvent s'expliquer par les inscriptions gallo grecques locales où les sigmas grecs ont la forme de C latins. Voir à l'adresse suivante le site sur les monnaies des rois des Longostalètes ( tribu de la région de Béziers faisant partie de la confédération des Volces Tectosages). Leurs légendes en gallo grecques y portent très souvent des sigmas écrits C http://www.kernunnos.com/dlt/longostaletes_jpgs.html
Atépomaros : Le nom Atépomaros ( le grand cavalier en celtique ) a été retrouvé dans le département de l'Hérault sur des inscriptions latines sous la forme Atépomarus ( voir l'article de Jürgens Untermann paru dans la revue Archéologique de Narbonnaise ,25,1992 ,p.19-27 )
                                                   Retour haut de page